
«Et dicebant ad invicem quis revolvet nobis lapidem ab ostio monumenti?»
(Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? »).
– Mc 16,3
La Pâque du Seigneur révèle la solidarité du Dieu vivant avec notre condition de pèlerins dans le temps et, en même temps, nous donne l’espérance chrétienne de devenir citoyens de l’éternité. Alors que dans la mort du Christ, la proximité fidèle de Dieu avec la douleur et les tribulations humaines nous est manifestée, dans sa résurrection, nous sommes confrontés à l’événement dans lequel la destination du temps nous est révélée et promise pour son heureuse réalisation dans la communion avec Dieu.
Les événements historiques qui se situent entre l’Ascension et le retour du Christ représentent une extension de la virtualité du mystère pascal à chaque époque humaine, touchant à la fois la dimension collective et la dimension personnelle. Lorsque Jésus affirme, à la fin de l’Évangile selon Matthieu : « Je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde », il nous parle de cette force de Dieu agissant en Christ que chacun peut ressentir en sa propre personne, ontologiquement et pas seulement émotionnellement, à condition qu’il ouvre les yeux du cœur, au sens biblique du terme. C’est là que trouve également son origine et sa consistance l’histoire de l’Église, qui est avant tout l’histoire des conséquences de ce don.

Les hommes peuvent y rester indifférents ou même s’y opposer, comme les événements de chaque époque nous le rappellent trop bien, mais en réalité, il entreprend son chemin dans l’histoire, créant des multitudes de saints, connus ou inconnus, en donnant à tous ceux qui le désirent sincèrement d’avoir les mêmes sentiments que le Christ, dans son amour pour les derniers, dans son combat pour la justice, dans son dévouement pour chaque personne, dans son esprit d’adoration du Père et de prière. Celui qui analyse le monde contemporain avec les yeux de la foi perçoit certainement toutes ses négativités et ses distorsions, mais il voit aussi l’Esprit du Ressuscité qui œuvre sans cesse pour sauver cette même humanité.
En tant que consacrés, nous avons la grâce, qui doit toujours se transformer en tâche et en mission chrétiennes, de vivre notre Pâques quotidienne dans la confrontation entre notre conscience et la Parole du Ressuscité, dans la participation aux sacrements, rayonnement de la puissance du mystère pascal et, étant donné la dimension communautaire de notre consécration, en nous soutenant, en nous donnant réciproquement cette charité qui est le seul véritable patrimoine qui aura de la consistance au moment de notre rencontre définitive avec le Christ.
En tant que consacrés à Marie, méditons en ce temps de Pâques les passages décisifs qui se sont accomplis dans la vie de la Vierge. La fiat de l’Immaculée marque le passage entre le Nouveau et l’Ancien Testament, dans son sein virginal se produit le « passage » de Dieu du ciel à la terre et sur le Calvaire elle est le témoin croyant du passage de l’humanité de la vie à la mort. Que la présence maternelle de Marie Très Sainte soutienne notre famille religieuse dans son cheminement entre les tribulations du monde et les consolations de Dieu jusqu’à la Pâque définitive en Christ.
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